L'Agroécolonomie partagée
La veille de Qualipom, la société Desmazières avait convié la filière pour lui expliquer sa vision de “l’agroécolonomie partagée”.
LA POMME DE TERRE FRANÇAISE | N0 624 | JUILLET-AOÛT 2019
La société Desmazières s’est livrée à un exercice périlleux le 25 juin devant ses producteurs, ses clients et nombre de représentants de la filière, soit près de 400 personnes. Elle a dévoilé sa vision estratégique et insufflé des éléments de réponse et de réflexion face aux attentes de la société.
LES STATISTIQUES PARLENT…
Elle avait invité Gabriel Tavoularis, directeur d’études et de recherche au Crédoc, le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie. Sans doute plus habitué aux salons parisiens qu’aux frigos de stockage transformés en hall de réception, il a captivé mais aussi surpris son auditoire par ses statistiques.
Oui, la dégradation de l’environnement préoccupe 25 % des Français en 2018 contre 12 % en 1991.
Oui, 28 % de la génération “mieux manger”, ceux nés entre 1997 et 2006, citent l’environnement comme l’une de leurs principales préoccupations, contre 22 % de la génération précédente au même âge, les “nomades” (1987-1996), 18 % de celle baptisée “internet” (1977-1986), et 9 % de la “low cost” (1967-1976).
Oui encore, quels que soient l’âge ou le niveau d’éducation, les préoccupations et habitudes à 25-30 ans restent quasiment les mêmes au cours d’une vie.
“Il va donc falloir vous y faire, le bio et le « sans » sont bien une tendance de fond et non un effet de mode, résume-t-il. La recherche « d’aliments de qualité » est d’ailleurs globalement la même en France, en Allemagne, aux États-Unis qu’au Japon…” appuie-t-il.
… DESMAZIÈRES RÉPOND
La position de Desmazières face à ce mouvement est d’être dans l’action plutôt que la réaction. Elle a inventé le mot-valise “agroécolonomie” pour qualifier sa démarche, ingénieusement illustrée par une vidéo à retrouver sur youtube (flashez le QR code ci-dessous).
Sylvain Lenglet, manager commercial de l’entreprise explique, “l’agroécolonomie c’est utiliser les principes agronomiques dans le respect des modèles écologiques en vue d’une production économiquement viable”.
Agro, tout d’abord. Pour répondre à la demande d’une population de plus en plus nombreuse sur terre qui nécessitera la production de deux fois plus de pommes de terre en 2050, des pratiques agronomiques plus vertueuses sont indispensables. “Desmazières souhaite s’inscrire dans la filière, partager, sans pour autant faire le travail des autres, souligne Édouard Fourrier, tout nouveau directeur général adjoint. L’idée est d’encourager les pratiques de respect du sol, de la ressource, avec une rotation en pomme de terre de trois ans minimum, idéalement de cinq.”
Écolo, ensuite. Pour un impact moins fort de la production sur la planète, Desmazières propose déjà des variétés rustiques, moins gourmandes en intrants, plus résistantes aux bioagresseurs, mais aussi pouvant se conserver sans CIPC, grande problématique des prochaines campagnes. Elles sont issues de la recherche Desmazières mais aussi de la maison mère Agrico. “En 2030, toutes nos variétés seront résistances au mildiou sur au moins un gène”, a d’ailleurs annoncé Jan van Hoogen, directeur général d’Agrico.
Nomie, enfin. Le nerf de la guerre restant l’économie et l’objectif étant bien que toute la filière puisse vivre de la pomme de terre, Desmazières promet des variétés profitables à tous.
Ainsi, grâce à ses variétés rustiques, résistantes au mildiou et se conservant sans CIPC, Desmazières, après avoir été en 2016 la seule structure de moins de 250 salariés du secteur agro-alimentaire à s’être engagée dans une démarche RSE, lance l’agroécolonomie partagée. Un concept qui lui ressemble. /
Béatrice Rousselle
